Comment se porte la vente de couteaux en France ?
A l'occasion du Salon de la coutellerie de Thiers, plusieurs médias sont revenus sur l'économie de la coutellerie en France :
Le magazine économique Les Échos revient sur le sursaut de la coutellerie industrielle Française qui à réussit à inverser la vapeur des flots d'importation de couteaux d'importation asiatique (surtout chinois).

Face à la concurrence asiatique, les couteliers se relancent par
l'innovation et le haut de gamme.
Les ventes ont augmenté l'an dernier, notamment à l'exportation.
La France capitale
mondiale de la coutellerie ? Jusqu'au 15 mai, les plus grands
fabricants ont rendez-vous à Thiers, dans le cadre des premières rencontres des
capitales de la coutellerie, réunissant des villes de 10 pays (Allemagne,
Etats-Unis, Italie, Japon, Russie…). L'événement coïncide avec le Salon
international du couteau d'art Coutellia, qui réunit 200 exposants ce
week-end.
« La crise est
passée, je suis moins pessimiste pour l'avenir, car les entreprises qui restent
collent bien à la demande du marché », affirme Jacques Raynaud, président
de la Fédération française de la coutellerie. Pendant trente ans, la
concurrence asiatique à bas prix a balayé (importé par containers entier de chine) la coutellerie française, dont
l'effectif (hors sous-traitants et commerce) a chuté de 3.000 à
1.350 salariés entre 1980 et 2014.
La capitale française de
la coutellerie, Thiers, dans le Puy-de-Dôme, concentre 60 % des
couteliers, devant Laguiole dans l'Aveyron (12 %) et quelques bassins
historiques en Haute-Marne, Savoie, Dordogne, etc. La fédération recense
176 fabricants en France pour un chiffre d’affaires de
180 millions d'euros en 2014. Ce sont souvent de petites entreprises,
seulement trois emploient plus de 50 salariés : Tarrerias-Bonjean, La
Forge de Laguiole et Opinel. Leur petite taille les fragilise et le bassin de
Thiers est passé de 134 à 108 fabricants entre 1997 et aujourd'hui, mais
ce nombre est stable depuis 2009. Si l'on inclut les commerces de détail, la
coutellerie thiernoise représente près de 900 emplois.
Car la coutellerie
française connaît un renouveau. Les professionnels ont changé de stratégie pour
résister à la concurrence à bas prix. « Une part importante des
entreprises de Thiers sont passées du bas de gamme au milieu et haut de
gamme », se félicite Jacques Raynaud.
Machines à commandes numériques
En 2006, une dizaine de
couteliers se sont regroupés autour de la signature Esprit de Thiers®.
L'association a adopté un cahier des charges obligeant ses membres à réaliser
les étapes de fabrication dans le bassin et à respecter des critères de qualité
et d'esthétique. Ces critères sont définis et examinés par un organisme
indépendant. Ces conditions n'empêchent pas les dix adhérents de créer des
couteaux qui allient matériaux et design du XXIe siècle à la
tradition. « Nous avons beaucoup investi pour intégrer toute les
étapes de fabrication dans l'entreprise, ainsi que dans des machines à
commandes numériques », explique Claudine Dozorme, gérante de la
coutellerie éponyme près de Thiers, qui a augmenté son chiffre d'affaires de
10 % en 2015, à 2,5 millions d'euros, avec 18 salariés.
Le premier fabricant
français, Tarrerias-Bonjean (TB), près de Thiers, a effectué cinq années de
R&D pour lancer en 2010 un couteau de cuisine à la lame quasi inusable, en
recouvrant l'acier d'une couche de carbure de titane pulvérisée sous un rayon
laser. Ses couteaux Evercut sont vendus 150 euros pièce. L'entreprise a
voulu monter en gamme, même si elle réalise une grande partie de sa production
sous des marques de distributeur en fabriquant de manière automatisée
150.000 couteaux par jour. Avec succès : TB a porté son chiffre
d'affaires de 15 à 24 millions d'euros entre 2010 et 2014.
Retournement de tendance
Adepte au contraire de
la fabrication manuelle, la Forge de Laguiole, fondée en 1987 dans l'Aveyron,
s'est positionnée d'emblée sur le haut de gamme avec l'aide de grands
designers. « Les ventes de couteaux de qualité augmentent, car les
acheteurs se concentrent sur les produits bien faits, affirme son
président, Thierry Moysset. Et les couteaux de poche, délaissés entre
1970 et 1990, quand la paysannerie n'était pas à la mode, bénéficient d'un
retournement de tendance. » Les couteaux de cuisine progressent
aussi. « Nous bénéficions de la mode des chefs cuisiniers et du
made in France », se félicite Jacques Raynaud.
En élevant son niveau de
qualité, la coutellerie française exporte en Europe, en Amérique et en Asie.
Les fabricants ont réalisé 20 % de leur chiffre d'affaires à l'export en
2014 en moyenne, mais cette part atteint 40 % pour la coutellerie Claude Dozorme et 70 %
pour Forge de Laguiole.
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